Le Saint-Esprit & le prêtre expliqués par le curé d’Ars (1786 – 1859)

Quand on est conduit par un Dieu de force et de lumière, on ne peut pas se tromper. L’Esprit Saint est une lumière et une force. C’est lui qui nous fait distinguer le vrai du faux et le bien du mal. Comme ces lunettes qui grossissent les objets, le Saint-Esprit nous fait voir le bien et le mal, “en grand”. Avec le Saint Esprit, on voit tout “en grand” : on voit la grandeur des moindres actions faites par Dieu, et la grandeur des moindres fautes.

Sans le Saint-Esprit, nous sommes comme une pierre du chemin. Prenez dans une main une éponge imbibée d’eau, et dans l’autre un petit caillou ; pressez-les également ; il ne sortira rien du caillou, et de l’éponge vous ferez sortir l’eau en abondance. L’éponge, c’est l’âme remplie du Saint-Esprit, et le caillou, c’est le coeur froid et dur où le Saint-Esprit n’habite pas. C’est le Saint-Esprit qui forme les pensées dans le coeur des justes et qui engendre les paroles dans leur bouche. Ceux qui ont le Saint-Esprit ne produisent rien de mauvais ; tous les fruits du Saint-Esprit sont bons. Quand on a le Saint-Esprit, le coeur se dilate, se baigne dans l’amour divin.

Les sacrements que notre Seigneur a institué ne nous auraient pas sauvés sans le Saint-Esprit. La mort même de notre Seigneur nous aurait été inutile sans lui. C’est pourquoi notre Seigneur a dit à ses apôtres : il vous est utile que je m’en aille, car si je ne m’en allais pas, le Consolateur ne viendrait pas. Il fallait que la descente du Saint-Esprit vînt faire fructifier cette moisson de grâces. C’est comme pour un grain de blé ; vous le jetez en terre : bon ! Mais il faut le soleil et la pluie pour le faire lever et monter en épi. Il faudrait dire chaque matin : “Mon Dieu, envoyez-moi votre Esprit qui me fasse connaître ce que je suis et ce que vous êtes”.

† Amen

Qu’est-ce que le prêtre ?

Un homme, une femme*, qui tient la place de Dieu, un homme, une femme*, revêtu des pouvoirs de Dieu même. Allez, dit notre Seigneur au prêtre, comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la Terre. Allez donc, instruisez toutes les nations. Celui qui vous écoute, m’écoute ; celui qui vous méprise me méprise. Lorsqu’il remet les péchés, le prêtre ne dit pas : “Dieu vous pardonne”, mais il dit : “Je vous absous…”

Saint Bernard assure que toutes les grâces nous viennent par Marie ; on peut dire aussi qu’elles nous viennent toutes par le prêtre : oui, tous les bonheurs, toutes les grâces, tous les dons célestes. Si nous n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre Seigneur : qui est-ce qui a reçu votre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Et si cette âme vient à mourir, qui la ressuscitera ? Qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre. Vous ne pouvez pas vous rappeler un seul bienfait de Dieu, sans rencontrer, à côté de ce souvenir, l’image du prêtre.

Oh ! Que le prêtre est quelque chose de grand ! Le prêtre ne se comprendra que dans le ciel. Si on le comprenait sur terre, on mourrait, non de frayeur, mais d’amour. Les autres bienfaits de Dieu ne nous serviraient de rien sans le prêtre. A quoi servirait une maison remplie d’or, si vous n’aviez personne pour vous en ouvrir la porte ? Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre Seigneur ne serviraient de rien. Le prêtre n’est pas prêtre pour lui. Il n’est pas pour lui, il est pour vous. La belle mission du prêtre, c’est d’être l’âme et le soutien de la religion. Après Dieu, le prêtre, c’est tout.

Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre, hélas, que deviendra-t-elle ? Voyez les pays où il n’y a pas de prêtres, on y adore les bêtes, les plantes !

† Amen

Méditation des paroles du Père Jacques de Jésus (Carme déchaux)

Jésus fait comprendre à mon coeur le bonheur de souffrir en union avec lui sur cette Terre, de rechercher des souffrances et des humiliations pour racheter des âmes, d’immoler généreusement les satisfactions des passions que l’on sent bouillonner en soi, de s’attacher à lui, de l’aimer tant et tant, de brûler tellement d’amour pour lui que ceux que l’on approche en soient eux-mêmes atteints. Et c’est là, la vie du prêtre. Oublier tout, quitter tout, même la vie, pour les autres. N’exister que pour les autres, que pour leur faire connaître Jésus et le leur faire aimer, et cela par contagion, par l’exemple, par inflammation.

Oh ! les communions de Jésus avec ses prêtres, avec ceux qui loyalement, de toute l’ardeur de leur coeur généreux de vingt ans, se sont donnés à lui, cherchent à tout faire pour le faire aimer, avec comme devise : “Oh ! Jésus… Tout… pourvu que je t’aime.”

Martyr de la charité, p.48

Lucien est devenu prêtre, puis carme sous le nom de Jacques de Jésus. Il a une profonde intuition de la mission du prêtre : le prêtre, c’est quelqu’un qui s’immole pour racheter les âmes. C’est d’abord une immolation intérieure, il s’agit de diminuer à ses propres yeux pour que Jésus grandisse en lui. Alors, “par contagion” ceux qui l’approchent seront touchés par Jésus. Se quitter, s’oublier, voilà l’immolation première.

† Amen

* Au sein de notre Eglise catholique non romaine, des femmes sont aussi prêtres tout comme d’autres obédiences spirituelles ont leurs pasteurs : protestante, zoroastrienne, anglicane, juive…