SYMBOLIQUE DE LA COULEUR JAUNE

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Qu’a-t-elle symbolisé dans l’histoire ?

Dans l’Antiquité gréco-romaine, c’est une bonne couleur. Elle symbolise richesse, prospérité, fertilité, lumière, chaleur… C’est une couleur bénéfique. Puis elle se dévalorise progressivement au Moyen-Âge. Les aspects mauvais l’emportent sur les bons, et elle devient vraiment négative à la fin du Moyen- Âge. C’est la couleur du mensonge, de l’hypocrisie, et surtout de la trahison. Cela dure jusqu’au XIXe siècle, où on peint en jaune les maisons des traîtres, des faux-monnayeurs, des gens coupables de crimes de lèse-majesté. Au théâtre on en fait une couleur soit ridicule, soit des trompeurs. Et à la fin du XIXe siècle, ça devient la couleur des syndicats tricheurs, qui roulent pour le patronat. C’est le “syndicat jaune” contre le “syndicat rouge”, qui défend les ouvriers. Elle a donc mauvaise réputation. Elle a quelques bons aspects, mais qui sont discrets par rapport aux mauvais.

Quels exemples d’œuvres picturales ou théâtrales en témoignent ?

Dans la peinture de la fin du Moyen-Âge, de la Renaissance et du début de l’époque moderne, habiller un personnage en jaune, c’est en faire un personnage mauvais, un bourreau, un traître, un criminel. Judas est le personnage qui a le plus fréquemment un vêtement jaune. Ce n’est pas absolument systématique, mais c’est très fréquent. Et cela apparaît dès le XIIe siècle dans l’enluminure, et jusqu’en plein XVIIe siècle. Au théâtre on a déjà ça chez Shakespeare. Ce ne sont pas tant les traîtres, que des personnages tristes et mélancoliques. Au XIXe siècle dans le théâtre de boulevard, cela devient la couleur des trompés, des maris cocus, des benêts et des personnages ridicules. C’est une couleur qui fait presque rire.

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Article Les inrocks du 06 12 2018 – par Matthieu Dejean

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